Lemaigre: catalogue d'orgue

 

L'oeuvre d'orgue d'Edmond Lemaigre consiste en deux recueils publiés chez Leduc (12 pièces pour orgue ou piano-pédalier), et Richault (15 pièces en 6 cahiers):

12 pièces pour orgue ou piano-pédalier (la plupart de ces pièces ont été exécutées par l’auteur aux Concerts du Palais du Trocadéro.)

1 Marche solennelle (Réb M) - 2 Méditation (Lab M) - 3 Pastorale (Ré M) - 4 Alla Fufa (Ut M) - 5 Elégie (ut m) - 6 Cappricio (Fa M)

7 Andante religioso (Sol M) - 8 Mélodie (Mib M) - 9 Prière (Solb M) - 10 Deux préludes (Mi M – La M) - 11 En forme de canon (Fa m) - 12 Scherzo (Sol M)

15 pièces en 6 cahiers                                                                                                                                   Catalogue verso op 16 claussmann 1

1° cahier : Fragment symphonique (Sol M), à Mr César Franck - Andantino (Lab M)                               

2° cahier : Intermezzo (Solb M) - Cantabile (Sib M) - Prélude (do m)

3° cahier : Magnificat en Fa M (6 versets) - Magnificat en ré m, (6 versets)

4° chahier : Offertoire extrait du Messie de Haendel (ré m) - Contemplation (Sol M) - Prélude (Fa M)

5° cahier : Stabat Mater en Sib M (15 variations) - Canzona pastorale (la m)

6° cahier : Elégie-Marche (Mim M) à la mémoire de mon Père - Elévation (Mib M) - Kyrie de la messe royale de Dumont en rém (5 versets)

L'ensemble dure 2h15 environ, et j'ai pu l'enregistrer sur l'orgue fraîchement restauré par les entreprises Saby-Dalsbeck. C'était donc le premier enregistrement sur l'orgue ainsi quer des oeuvres du premier organiste de cet instrument. Un heureux concours de circonstances!

L'enregistrement a été rendu possible grâce aux "Amis de la Cathédrale" de Clermont-Ferrand, et réalisé par la firme "Art et Musique" d'Angers. AM/CD 110/31504

art et musique

Amis de la cathédrale de Clermont-Ferrand

L’écriture de Lemaigre dans son oeuvre d'orgue est très pianistique, certes, mais depandant très organistique. Il écrit des parties de pédales importantes, et délicates à jouer. Il demande également beaucoup de registrations soignées et délicates (fin de la méditation : alternance Bourdon salicional du positif avec le Bourdon et la flûte du GO ; dans la prière : alternance d’accompagnement entre pos et go (sonorités très voisines), il semble également apprécier la très belle flûte de 4’ du positif (qu’il fait volontiers dialoguer avec le hautbois, voir la  pastorale). Il utilise parfois des effets très simples mais efficaces: reprise en ouvrant la boîte de l’alla fuga.

On trouve aussi quelques registrations originales: Stabat mater (var 4 : le bourdon de 16 avec le salicional à l’octave aigue, var 5 : bourdon de 16 avec le hautbois par accouplement), dans le 6° verset du Magnificat en Fa : le mélange des fonds 16 et 4 (sans les 8), dans le cantabile : B16, H8 et Fl2 (mélange creux donnant une couleur « harmonium » pour tous les arpèges d’accompagnement). Enfin, il est à noter l’usage du 16’ de pédale : pour finir les pièces douces, il indique souvent « 16 seul », ou  « 16 ».

Lemaigre a vite connu les orgues parisiens, et s’est trouvé sur les nouveaux claviers de 56 notes (ceux de Clermont, dont la plupart des sommiers sont de Ducroquet, étaient restés à 54 notes). Ainsi, dans la 11° Variation du Stabat Mater, il demande beaucoup de sol5 sur le mélange 8-2. Dans le Fragment symphonique : des fa# aigus sont écrits en octave pour palier les 54 notes. Cette pièce a d’autre part deux versions éditées avec des parties de pédale un peu différentes. Enfin, pour l’extraordinaire Cappricio, il demande un carillon, ou B16 et Quinte sur deux claviers différents, ce qui ne peut se faire à Clermont.

On sent un musicien qui pense en famille d’instruments de l’orchestre, et qui, avec ses deux casquettes d’organiste et de chef d’orchestre, n’hésitait pas à faire passer sa musique d’un univers à l’autre. Ainsi, le fragment symphonique a été orchestré, on peut voir les indications instrumentales sur la partition (notamment celle qui est sur Imslp)

On peut rencontrer parfois des contradictions d’écriture (notes piquées et liées en même temps, 3° verset du magnificat en Fa), ainsi que des pages d’école (en forme de canon, alla fuga, une transcription de Haendel). Son époque mettant la modalité à l’honneur, on  rencontre de nombreuses recherches harmoniques dans ses cadences.

Il est toujours intéressant de regarder les dédicaces des pièces. La toute première pièce est dédiée à son Evèque, Mgr Boyer, et la toute dernière l’est à son père. Dans les 12 pièces, on trouve des musiciens, essentiellement parisiens (Batiste, Lemmens, Delibes, Guilmant; Bellet, Maton, lyonnais: Trillat), ainsi que des dignitaires clermontois (Mgr Boyer, Mrs Bontoux, chevalier de la Légion d'honneur, et Bargoin). Pour les 12 autres pièces, le panel s’élargit : avec le facteur Merklin, le musicien Franck, son propre père, et des dignitaires qui ne sont plus de Clermont.

Dans les noms connus : Edouard Batiste (A mon Maître et ami : méditation), Lemmens (alla fuga), Delibes (andante religioso), Guilmant (prière), Paul Trillat (scherzo)

Franck (Fragment symphonique), Merklin (Cantabile), son père (« A LA MEMOIRE DE MON PERE » (Elégie-marche))

On peut trouver l'ensemble des partitions pour orgue de Lemaigre sur Imslp, ainsi qu’aux éditions Chanvrelain, avec un texte de préface intéressant, où un choix de pages a été fait par Nicolas Gorenstein.

François Clément.

 

 

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